Entends-tu le silence, et le doux crissement
De nos skis sur la pente ? Au-dessus de nos têtes,
Des branches en arceau d’où la neige volette
Devant nos yeux mi-clos en étoiles d’argent.
Sens-tu cet air glacé nous ramoner le cœur ?
Ces infimes cristaux obstruer nos narines
Et notre peau geler, que la bise burine ?
Et pourtant nous rions, éperdus de bonheur
Tant nous nous sentons bien dans ce désert blafard.
Aucune trace encor sur la neige renflée
Qui cherche à ralentir notre course essoufflée,
Dont il faut s’arracher comme d’un traquenard.
Les branches des sapins quadrillent le ciel bleu,
D’un bleu si véhément qu’il en bleuit la neige.
Sur les rameaux poudrés des cristaux parpalègent
En des millions d’éclats, en petits clins de feu…
Nous devons redescendre : il fait vraiment très froid
Et la nuit va tomber. La bise s’exaspère…
Il nous faut retrouver notre gîte à Prunières
Où nous allons, c’est sûr, nous sentir à l’étroit !