« Laisse-nous, s’il te plaît – ô Méditerranée !
Laisse nous accoster ! Ali nous parle tant
De ce pays lointain, de la France où est née
Sa fille Yasmina… Accorde-nous du temps,
Le temps de prendre pied sur la rive échancrée
Où déferlent tes flots, là-bas à l’horizon.
Laisse-nous aborder cette terre espérée,
Ce havre d’harmonie que tous nous élisons
Pour cette liberté qu’on nous y a promise ;
Ce pays mirifique où tout semble meilleur,
Vers lequel nous osons, notre décision prise,
Emigrer sans regrets pour rêver d’un Ailleurs.
Tu bouges autour de nous, tellement lumineuse
Qu’on en a mal aux yeux. Le grand soleil d’été
Fait ruisseler sur nous ses ondes vénéneuses
Qui nous mangent la peau sans aucune pitié ;
Mais nous sommes tout près, et tu es notre mère !
Tu vas nous entraîner jusqu’au rivage blanc
Qui miroite là-bas sous l’énorme lumière
Brillant comme chez nous. Et ton flux ondulant
Va nous poser bientôt tout doux sur le rivage.
Notre épreuve est finie, et Marseille est tout près
Qui va nous assister pour bien tourner la page.
Il y a si longtemps que nous tous on aurait…* »
Il n’y a pas de fin, elle est trop effroyable !
La Méditerranée ? Une affidée du Diable…
* … Il s’est tu, définitivement . Une dernière vague l’a interrompu.