Sale hiver, con d’hiver ! Je te déteste autant
Qu’un malade chronique honnit sa maladie,
D’autant que tu surgis après la mélodie
D’un automne très doux semblable à un printemps.
L’on t’avait oublié, mais c’était une ruse
Car tu t’étais tapi dans un repli du Temps
Pour en mieux rebondir en te catapultant
D’un océan glacé où poussent des méduses.
Tu as jeté sur nous tes tentacules froids
De pluie, de vent, de gel, de verglas et de neige,
Avec un soleil gris perdu dans un ciel beige
Que nous redécouvrons avec pas mal d’effroi.
La lumière est éteinte au-dessus de Marseille.
La mer que j’aime tant est grise, et le mistral
La creuse en la giflant, impérieux, magistral,
Comme il l’est quelquefois quand son souffle balaye
Les vagues déchaînées sans cesser de mugir.
Oui, l’Hiver, je te hais. Par bonheur j’ai la chance
De vivre en un pays merveilleux, la Provence,
Que tu n’apprécies pas. Mais où tu vas surgir
Car cela t’est dicté, tu dois suivre la règle
Faire subir à tous ton horrible carcan.
Non, non, jamais le temps ne se vend à l’encan :
Le code est imposé – même s’il se dérègle !