Dodelinant tout doux, la Méditerranée
Ressemble à un grand lac sous le ciel indigo ;
Un grand lac sans reflets, comme ces marigots
Du fin fond de l’Afrique aux vastes eaux fanées.
Elle est terne aujourd’hui, sans ces vives couleurs
Que lui donne l’été. Un temps sans fantaisie
L’a repeinte de gris, calmant la frénésie
De ses eaux endeuillées où couve le malheur,
Le malheur de ces gens perdus et qui divaguent
Sur des coques de noix, bravant l’immensité.
Elle est calme aujourd’hui, car elle a su dompter
La folie meurtrière engendrée par ses vagues,
Mais demain ? C’est l’hiver. Un mistral fou furieux
Peut bientôt se lever et soulever la houle
En maelström géant ; et la barque qui roule
Tendre soudain sa quille inversée vers les cieux.
Pour le moment, ça va. La mer est bien tranquille
Et là-bas plus au Nord clignotent des lueurs.
Sur l’esquif maintenant l’on a beaucoup moins peur.
Serait-ce l’arrivée ? Peut-être est-ce une ville…
Les flots sous le bateau sont toujours endormis.
Dans le cœur des migrants une énorme espérance
Commence à s’éveiller. Est-ce donc la Provence
Qu’on entrevoit au loin, comme c’était promis ?
Tout est empreint de paix. La côte se rapproche
Et les gens rassurés se sont pris par la main.
Ils ne savent pas trop ce que sera demain
Mais l’espoir est bien là, il faut qu’ils s’y raccrochent.
De José Motta-Bant : « Grandement apprécié votre poème « L’arrivée »: beau texte! »