La vallée de l’Ubaye est blanche,
Argentée sous son ciel qui penche
Au-dessus des toits ouatés ;
Elle est feutrée, immaculée,
Etrangement silencieuse.
Les branches biscornues des yeuses
Du jardin sont capitonnées
D’un capulet couleur de lait
Et, sur le chemin, des congères
Ont été sculptées par l’hiver,
Talus bien ronds et potelés
Qui commencent à s’effondrer.
On ne l’attendait pas encor,
Ce tapis blanc, couleur de mort !
On n’a pas vu passer l’été…
Les toits bien encapuchonnés
Font le dos rond sous l’édredon
Trop neuf qui s’affaisse et qui fond :
Pourtant le soleil est bien terne
Puisqu’il vient de se mettre en berne !
La vallée de l’Ubaye est blanche
Et son ciel grisailleux se penche
Sur le village somnolent.
Oh ! Il est bien loin, le printemps…