Pourquoi avoir tué la jolie biche au bois ?
Pourtant tu l’aimais bien ; et je pensais que toi
Te battrais jusqu’au bout pour protéger sa grâce.
Ton coeur est-il si dur qu’il est resté de glace ?
Pourquoi avoir tué la douce tourterelle
Dont la courbe du cou, le gris mauve des ailes
T’ont si souvent charmé ? Tu as ensanglanté
La gorge de velours qui t’avait enchanté,
Détruit la gestation de tendres roucoulis !
Le galbe si parfait d’un oiseau si joli,
D’un geste anéanti ! Dis, quand tu te regardes,
N’es-tu point trop honteux ? Et pour te mettre en garde
Contre tes impulsions, n’y a-t-il donc personne ?
N’y a-t-il pas en toi une alarme qui sonne
Quand tu te laisse(s) aller et que tu vas trop loin ?
Quand tu tiens ton fusil, c’est la Mort qui t’adjoint
Dans ses noirs bataillons ! Tu as pu les tuer,
Ces êtres innocents, juste constitués
D’atomes de candeur, de beaucoup d’innocence ?
N’y a-t-il en ton coeur aucune bienveillance ?
Comment donc as-tu fait pour ainsi les abattre,
Les vouer au trépas dans le matin grisâtre ?
Mais peut-être peux-tu aller bien au-delà
En fauchant un Humain qui ne te convient pas ?