C’est une pluie de juin qui bat joyeusement ;
Une pluie gaie et drue, dont les longs filaments
Tissés d’or et d’argent brillent dans le soleil,
Avec ici et là des touches de vermeil.
Le jardin assoiffé pétille sous l’averse
Et sent bon l’humus frais. Les fleurs à la renverse
Profitent goulûment du torrent délicieux
Qui les vêt de fraîcheur et dévale des cieux
En cliquetant gaiement, bousculant le gravier
Ratissé de l’allée. Les transats repliés
Sont très jolis ainsi, couleur bien rafraîchie
Par l’eau pure qui lave une toile avachie
Au long fil des années… Des gerbes d’étincelles
Irisent joliment la vieille balancelle
Qui se met à tanguer. Et parfois un éclair
Eclate violemment dans le ciel pourtant clair.
Il pleut, il pleut, il pleut. La pluie saccadée danse…
Et puis, soudainement, tire sa révérence
Comme si l’on avait fermé un robinet :
Comme ça, d’un seul coup ! Déluge terminé.
Le jardin purifié brille comme un sou neuf
Et le ciel en coupole a la couleur d’un œuf
Tant il est maintenant délavé par la pluie.
Je m’en vais replier mon joli parapluie.