Sa robe satinée est couleur de café,
Sa queue entrelacée de blonds rayons de lune :
Auréolé de gris par la brume de mai,
C’est un bel alezan appelé Pampelune
Qui se cabre et hennit comme un jeune poulain
Au creux de l’herbe drue, bien qu’il ait passé l’âge ;
Car on croit qu’il est las et qu’il mérite bien
Un paisible repos après moult voyages,
Mais on raisonne mal : sous ses muscles sculptés
Dans un bois très foncé, la fièvre qui bouillonne
Est celle d’un pur-sang sommairement dompté
Qui ressent dans son sang une fureur brouillonne
Le faisant galoper tout comme en l’ancien temps,
Quand il gagnait toujours. Il était un champion
Qui n’avait qu’un seul but : être toujours devant !
Il ne peut désormais plus que tourner en rond…
Ses yeux de velours brun semblent mélancoliques,
Son regard est mouillé : une larme qui fond ?
C’est un bel alezan à la vie bucolique,
Finissant ses vieux jours en super-étalon.