Si nous montions tous deux là-haut sur la colline
Pour caresser le ciel ? Il est tellement bas
Qu’il frôle la garrigue. On ne voit plus le mas
Vétuste et délabré des Caron dans la bruine
Où le soleil s’éteint, se fanant toujours plus.
Oui, c’est l’hiver, ma belle, et la lumière est pâle
Comme aux confins du Nord… Tout est teinté d’opale,
On est dans l’irréel ; nos pas irrésolus
Ne savent où ils vont tant la brume est épaisse.
Sommes-nous arrivés ? Et ce léger crachin,
Sont-ce donc les nuées ? Nous n’y voyons plus rien
Et marchons à tâtons ; le brouillard nous oppresse…
Le mas auréolé qui semble suspendu
A d’étranges filins flotte comme un navire.
Tout paraît mort ici, et seul parfois soupire
Un souffle mystérieux, halètement venu
D’un autre nulle part. De plus en plus gluante,
La vapeur nous enserre et veut nous engloutir…
Nous devons nous enfuir, il nous faut repartir !
Vite, pressons le pas, même si la descente
Est parfois risque-tout en longeant le ravin…
Tout en bas dans la plaine, une onde lumineuse
Sinue tout doucement en courbes gracieuses.
Vouloir toucher le ciel est un mirage vain…