La Méditerranée langoureuse roucoule
En déferlant tout doux sur le sable argenté.
Au couchant, l’horizon s’est comme ensanglanté.
Le mistral beugle encor et repousse la houle,
Faisant brinquebaler un tout petit bateau
Qui danse sur les flots, en avant, en arrière :
Un esquif exigu. Dans la rouge lumière
Déclinant lentement, il valse au fil de l’eau
Comme s’il avait peur d’enfin toucher la terre.
Il n’a plus qu’une rame. Y pendouille un objet
Souvent éclaboussé par les vagues de jais
Qui bousculent la barque et son pesant mystère ;
Un tout petit bateau, si vide et si fragile,
Avec sa rame unique, usée par tant de mains,
Et lourde du travail de très pauvres marins
A la peau rèche et sombre. Un peu plus loin la ville
Immobile et repue regarde la télé ;
Tout est calme et serein. Sur la rame qui flotte,
Un chausson tricoté minuscule tremblote.
Au large un bébé noir vient juste de sombrer…