C’est dimanche aujourd’hui. Le soleil de nouveau
Se souvient de l’amour qu’il porte à la Provence.
Il l’avait oubliée, et durant son absence
Elle a beaucoup souffert. Il est encor très tôt,
Marseille se repose, et la mer alanguie
Chinte tout doucement allongée à ses pieds.
Les jours sont bien plus longs : seraient-ce les premiers
Lumineux et tout blonds d’une longue série ?
Le long de la Corniche il y a des joggeurs
Eux mêmes ralentis après l’immense pause
De ce trop long hiver. Ils ont le teint trop rose
Et sevré de soleil des gens venus d’ailleurs.
Il leur faut à coup sûr recouvrer leur entrain !
On dirait que leurs pieds ont oublié l’ivresse
De frapper le bitume avec grand’allégresse :
Leur course est le reflet de leur terne train-train.
Comme leur ville ils vont, harassés par l’hiver.
Marseille se repose, et la mer doucereuse
La flatte doucement de ses vagues mousseuses…
Par delà le Frioul, l’horizon gris se perd.