Marseille fait la gueule, elle a mal à sa mer :
La Méditerranée, sa maîtresse, sa reine
Qui depuis deux mille ans la garde et la parraine…
La ville a depuis peu le sentiment amer
De ne plus l’estimer, en la déshonorant ;
Si au premier regard c’est vraiment impossible
De prédire pour elle un avenir horrible,
L’eau claire est polluée, et son léger courant
Transporte en clapotant tout un monde pourri :
Déchets désagrégés et ordures chimiques
Diluées en son sein ; détritus organiques
Qu’on ne voit même plus, non ! mais dont se nourrit
Sans s’en douter du tout le monde sous-marin.
Dégradant peu à peu et la faune et la flore,
Insidieusement le fléau détériore
La pureté de l’eau de ce monde serein
Qu’on croyait préservé pour une éternité.
La Méditerranée n’est plus impérissable
Et Marseille le sait. Ce monde inébranlable
Qui paraissait si sûr pourrait bien s’effriter
Et mourir lentement… Le va-et-vient des flots
Effleure doucement les plages de la ville.
Le mouvement de l’eau paraît doux et tranquille,
Mais le bruit du ressac ressemble à un sanglot.