Marseille est ouaté d’une brume maussade.
Octobre l’éteignoir crie à la cantonade
Que c’en est bien fini des excès de l’été
Et de ces jours si doux dont le temps arrêté
Nous offrait ces plaisirs qui font aimer la vie !
Dans nos cœurs attristés monte déjà l’envie
De revoir le printemps, de bien vite oublier
Ces moments rabat-joie où l’on vit replié
Sur sa petite vie et ses petits soucis…
La brume estompe tout de son voile, adoucit
La raideur des murs gris et râpés de la ville.
Il y règne à présent une torpeur tranquille
Seulement perturbée par les cris des gabians
Point trop désarçonnés par ce brouillard ambiant
Semblable à un rideau de mousseline grise.
Il n’y a pas de vent. Non ! Pas même une brise
Qui ferait vivre un peu l’eau morte et sans replis.
Aucune ondulation, pas même un friselis…
La mer décolorée génère de la brume
Où des étoiles bleues de temps en temps s’allument
Comme ces feux follets qu’on voit au cimetière.
Un voile suffocant couvre la ville entière
Etonnée de subir ce temps extravagant
Qui s’avère à Marseille un prodige intrigant
Suscitant le cafard et un brin d’inquiétude…
Notre azur est si pur qu’on n’a pas l’habitude
De le voir engoncé dans un manteau brumeux !
Marseille est silencieux sous son ciel cotonneux.