Au-dessus de l’Ubaye vole un aigle royal
Aux contours acérés sur l’horizon tout bleu
Haché par les pics noirs des Alpes provençales.
L’oiseau géant qui plane égratigne les cieux ;
Ses ailes déployées propulsées par la mort
En font un grand planeur que les ailes du vent
Soutiennent par-dessous, au moment où l’aurore
Pose sur les sommets un entrelacs d’argent.
En bas dans la vallée, c’est la vie qui s’éveille :
Un matin de printemps oublieux du danger,
Renaissant lentement sous le premier soleil…
Un lapin étourdi va se faire piéger
Quand un gros marmotton, voyant l’ombre cruelle,
S’évertue à siffler : c’est une débandade !
Pour les oiseaux aussi, qui fuient à tire-d’aile
Oubliant pour un temps leur amoureuse aubade…
L’aigle qui a plongé remonte au haut du ciel,
Mécanique inlassable et faite pour tuer.
Son immense ombre noire est comme une parcelle
De l’implacable loi régissant la vallée…