Poème illustré par :
Didier Léveillé
www.didier-leveille.zevillage.org
Il y eut un orage, et puis deux, et puis trois …
Des trombes vrombissant avec un bruit d’enfer,
Nous assourdissant tous et flagellant les toits
En y rebondissant comme une pluie de pierres.
On ne s’est pas méfié : la pluie dans le Midi
Tombe le plus souvent sous forme de torrents,
Et nous n’avons pas vu que petit à petit
L’eau montait en chuintant dans les rues et les champs.
Puis elle a envahi la place, les trottoirs,
Inexorablement. Un flot sale et bourbeux…
Le ciel s’y reflétait, et l’étrange miroir
Etait parfois zébré des éclats lumineux
De l’orage furieux ne voulant pas mourir.
Bientôt les magasins ont été envahis,
Puis les rez-de-chaussée … Il a fallu s’enfuir
En laissant tous ces riens qui étaient notre vie.
Nous sommes sur le toit. L’eau calme est bien tranquille
Et l’on ne voit plus rien qu’une surface lisse,
Des murs noirs émergeant de ce qui fut la ville.
Nous faisons attention qu’aucun de nous ne glisse.
Un vieux tout ricanant parle d’Apocalypse.