Michelle d’Astier
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Tout est venu du Centre : une banale rue
Du fin-fond de Marseille ! D’un tas de détritus
Comme il y en a tant en ces journées de grève
Où la ville est cloaque, où tout espoir s’achève
De la voir un beau jour reprendre ses esprits !
C’est de ces immondices que tout est parti :
Un grand coup de mistral, un tesson de bouteille
Sur lequel folâtrait un rayon de soleil,
Une flammèche rouge et l’horreur qui commence !
Le tas devient bûcher, le feu mène la danse
Et dévore ardemment la montagne d’ordures ;
Cela ne suffit pas car il a la dent dure,
Il lui en faut bien plus pour assouvir sa faim.
Il se propage vite et il atteint enfin
Une porte de bois qui s’enflamme aussitôt ;
La cage d’escalier, les meubles, les linteaux,
La maison : tout s’embrase ; et le feu se répand
En tornade qui ronfle et qui court et s’étend
De quartier en quartier, du Prado aux Chartreux !
Gigantesque brasier qui monte jusqu’aux cieux…
La ville n’est bientôt qu’un océan de flammes
S’éparpillant partout. Et même Notre-Dame
Rongée par ce démon s’effondre en crépitant ;
Merveille anéantie jusqu’à la fin des temps !
Tout est enfin fini, il a tout est dévoré :
L’incendie s’est éteint, mais il a ravagé
Marseille qui n’est plus que décombres fumants.
La ville suppliciée se tait immensément…