Marius était heureux. A toute heure du jour,
Notre homme souriait ; et satisfait, toujours,
Il ne laissait jamais les soucis le ronger :
Il savait où dormir, il avait à manger !
C’était un vieux pêcheur avec sur son épaule
Un bien curieux oiseau qu’il appelait Popaul,
Fait de bric et de broc. Peut-être un perroquet ?
Ca portait un plumage et ça ne lui parlait
Qu’une fois chaque jour, et toujours le matin ;
Mais après son discours, le vieux était serein…
Un beau jour de juillet, Marius s’était assis
Sur le pas de sa porte, au coeur du vieux Cassis,
Quand son meilleur ami s’en vint lui demander
Quel était son secret, ce que Popaul disait,
Sans manquer un seul jour, au creux de son oreille ;
Quel était la recette à nulle autre pareille
Qui le rendait heureux . Le vieux se mit à rire
Et fit cette réponse à son cher Honorat :
« Les villageois t’envoient ? Tu vas pouvoir leur dire
Que Popaul me répète : « A minuit, tu mourras ! »
Dès que je me réveille ! Il me prévient ainsi
Que bien courts sont les jours, que fugace est la vie.
Car c’est ça, le bonheur : profiter de l’instant
Puisque tout doit cesser irrémédiablement… »