L’hiver a dévêtu tous les arbres au bois
Et il est à l’affût, tapi dans la garrigue.
Le soleil maigrichon quasiment aux abois
Eclaire un ciel livide où sans cesse il intrigue
Pour maintenir sa place et affirmer son rang.
Il n’y a plus d’oiseaux, il n’y a plus d’insectes ;
La Nature est inerte, et le grand Architecte
Semble avoir oublié qu’il est un conquérant.
Tout dort ou tout est mort. Plus rien ne pousse plus.
Le jardin qui s’étiole a vraiment triste mine
Avec ses fleurs fanées ; et parmi les élus
Rescapés du fléau, seule une balsamine
Lance encor quelques fleurs à l’assaut du figuier.
L’olivier un peu las frissonne sous la bise,
Et ses feuilles d’argent semblent soudain bien grises
Dans la lumière ocrée du ciel tout barbouillé.
L’hiver est aux aguets : son heure est bientôt là !
L’automne moribond va lui laisser la place.
Blanchie précocement, l’écorce du lilas
Arbore ce matin une cotte de glace…