Sur les pentes du Suy un paillasson grisâtre
Séché par février commence à reverdir ;
Et les colchiques blancs sont comme des sourires
Sur les dernières plaques de neige jaunâtre.
Et puis tout va très vite, et la montagne grise
Se couvre d’un tapis d’herbe grasse à souhait,
D’un vert tellement tendre que l’on en mangerait !
Bienheureux les moutons qui s’en gav(ent) et que grise
La brise de printemps coulant vers les vallons !
Mais piquetées de gel les nuits sont encor fraîches,
Transformant les brins verts en pointes toutes rêches
Empesées par la glace fragile et qui fond
Dès les premiers rayons du soleil triomphant.
C’en est presque fini de la neige et du froid
Qui ne résistent plus qu’au plus profond des bois.
Il flotte au fond de l’air une odeur de printemps.
Dicton provençal :
Mes de mars poussous
Fa lou pastre orgueious.