Le soleil cet été est tellement brûlant
Qu’il laisse dégorger sa lave rougeoyante
Sur la terre et les rues et la mer et les champs :
Tout est rouge partout, et cette teinte hurlante
A fait de la Provence un monde érubescent .
Les fleurs gorgées de feu en sont devenues folles,
Il faut les faire boire à longueur de journée.
La résine des pins est liquide et si molle
Qu’elle sourd des troncs noirs sans discontinuer
Et que tout alentour le sol gris pègue et colle.
Des murs chauds vacillants s’écoulent des rivières
D’énormes bouquets roux, des cascades de feu.
Mauves bougainvillées et glycines en lierre
Recouvrent tout, partout, de bouquets somptueux.
La Provence embrasée ruisselle de lumière.