Le mistral aime bien jouer avec le feu,
Surtout en plein été, quand la garrigue est sèche
Comme de l’amadou ; quand la moindre flammèche
Clignotant sur le sol en infimes points bleus
Excite ses instincts meurtriers et nuisibles.
Dès qu’il voit le foyer, le monstre bat des ailes
Afin de l’attiser, dispersant étincelles
Et pignes enflammées aussi loin que possible.
Puis hoquetant de rire, il souffle comme un fou
Et tournoie en hurlant au-dessus du brasier
Où se tordent les pins, les chênes enflammés.
De petits animaux tassés au fond des trous
Essaient en se terrant d’échapper à sa rage
Et à celle du feu aussi dément que lui.
Le délire du vent, la fournaise en folie
S’entremêlent l’un l’autre en un vaste carnage
Qui détruit tout, partout, de colline en colline.
Et leur jeu se poursuit tant que subsiste encore
Quelque chose à brûler. Quand tout est enfin mort,
Les tueurs vont plus loin pour y semer la ruine.