Dans le jardin dormant, les bourgeons sont tout prêts :
Gonflés jusqu’à ras bord, presqu’engorgés de sève,
Réceptacles de vie et pourvoyeurs d’un rêve
Maintenant impatient, sur le point d’exploser.
Le soleil pâlichon est un peu amaigri,
Mais les bourgeons dodus sont confiants malgré tout :
Leur instinct leur a dit qu’il faudrait être fou
Pour ne pas croire en lui, en son hégémonie,
Surtout aux entours d’Aix, au coeur de la Provence !
L’hiver l’a fatigué, à toujours repousser
Et le gel, et la pluie… A toujours batailler
Pour garder son pouvoir et sa prééminence.
Mais jamais jusqu’ici il ne s’est dérobé :
Le Midi est son fief, il va le refleurir ;
Les branches dénudées vont se mettre à verdir
Sous l’assaut des bourgeons tout prêts à éclater.
Quel sera le premier à entr’ouvrir son coeur ?
Ce rejet duveteux dressé comme un ergot
Ou ce bouton poisseux ? Le jardin est si beau
Avec tous ces rameaux couverts de bébés-fleurs…
Magnifique éloge au printemps naissant !