En novembre, l’automne hulule tristement
Sur la Crau plate et morne où sèche une herbe grise
S’incurvant sous le souffle puissant de la bise.
L’automne est une fin et un commencement :
Chaque jour la lumière qui bat en retraite
Se délite un peu plus ; le soleil qui décroît
Sent qu’il n’est par ici plus tout à fait le roi.
Bientôt la nuit d’hiver n’en fera qu’à sa tête
En mordant toujours plus sur la longueur des jours.
Et l’on va oublier combien il était doux
De goûter au coucher d’un crépuscule roux
Strié de cuivre et d’or sur un ciel de velours.
L’automne va gagner insidieusement,
Traînant derrière lui le mistral et la pluie
Et la lente cohorte des nuits infinies
Où gémit longuement le lamento du vent.