Poème illustré par un tableau de :
Michel Bec
L’automne a passé le flambeau
A l’hiver. Un poisseux ciel gris
Que déjà la nuit assombrit
Pèse lourdement sur les Baux.
Le village est vide, et le vent
Y mène sa danse infernale :
Assourdissante bacchanale
Du mistral qui court droit devant
Comme un centaure sans raison
Tonitruant dans les venelles.
La débandade habituelle
D’une morne et triste saison !
Te rappelles-tu l’an dernier
Quand l’on y fit une balade,
Poussés dans notre promenade
Par ce vent fou qui ricanait ?
Il y faisait si froid alors
Que ton doux visage était pâle,
Pâle comme l’anneau d’opale
Auréolant le croissant d’or
De la lune accrochée au ciel.
Les vieilles maisons du village,
Bastides grises d’un autre âge,
Etaient éclaboussées du miel
De la ténébreuse lueur.
Le vent tordait ta chevelure
Qui dansait comme une voilure
Autour de ton visage en cœur…
Les Baux sont tristes en hiver.
Tu n’es plus là, tu t’es perdue
Dans une existence éperdue…
Dis, n’ai-je point assez souffert ?
Peut-être un jour reviendras-tu ?
Je t’attends rue de la Calade
Où l’infernale cavalcade
Du vent dévale à qui veux-tu….