Poème illustré par un tableau de :
Lionel Wibault, dit Wibo
www.wibault.org
Des dents de scie aiguës découpent le ciel bleu,
Aussi bleu que la mer, tout là-bas à Marseille ;
Et c’est le même azur, c’est le même soleil
Qui baignent leur rivage et nos rias en creux.
Nous avons même accent que partout en Provence :
Chantant et lumineux ; même s’il est plus dur
De vivre par chez nous ; même s’il se murmure
Quelquefois, plus au Sud, qu’il y a des nuances
Qui nous différencient des autres Provençaux.
La Nature est cruelle en nos rudes montagnes :
Devrions-nous envier le pays de Cocagne
Des autres, tout en bas ? Nous, les pauvres « gavots »,
Comme on le dit à Aix, tout en faisant la moue…
Et pourtant dès qu’il tombe ici deux, trois flocons,
Ils oublient leur mépris ; et en baissant le ton,
Ils empoignent leurs skis et se ruent tous chez nous.
Nous sommes grands seigneurs et nous les acceptons
Sur les bords de l’Ubaye ! La montagne est si grande
Que nous aimons l’offrir à qui nous la quémande…
D’autant qu’ils sont cousus de nombreux picaillons !