Poème illustré par un tableau de :
Fernand Pelez
(1848-1913)
A Marseille, autrefois, les gens les appelaient
Méchamment des bàbi. Miséreux qui venaient
Des terres d’Italie, où ils crevaient de faim,
Pour trouver par ici au moins un gagne-pain.
Du moins le croyaient-ils ! Car pour eux le Midi
Etait assurément un hâvre, un paradis
Qui leur apporterait même un petit boulot ;
Ils comptaient sur l’accueil des frères provençaux,
Mais – las ! ils se trompaient, car on les soupçonnait
De s’en venir voler leur travail aux Français :
Ils étaient mal reçus, méprisés et haïs,
Pas du tout intégrés comme enfants du pays.
Ils le sont de nos jours en terre provençale !
Abandonnée, l’idée qu’ils étaient des ritals,
Pauvres hères pouilleux dans leurs quartiers pourris ;
Et oubliée l’injure odieuse : les bàbi !
Ils sont tous maintenant d’avérés Marseillais :
Méridionaux braillards, Provençaux désolés
Quand la ville est livrée à l’opprobre, aux lazzi ;
Ravis quand on la loue dès qu’elle réussit…