Poème illustré par une sculpture de :
Matteo Pugliese
Ca fait plus de vingt ans qu’il n’est pas revenu
Dans sa vieille maison au décor inchangé :
Toujours ce radassié* contre le haut mur nu
Chaulé d’un blanc ocré… Rien n’a vraiment bougé
Depuis des décennies, des vieux meubles d’antan
Aux tommettes ocrées. Pas même sa photo
Posée sur le bureau. Depuis combien de temps
En est-il donc parti, fuyant sur sa moto ?
L’horloge bat tout doux, aussi doux qu’autrefois.
Barbara est assise au creux de son fauteuil,
Terriblement vieillie, mais avec toutefois
Sa grâce préservée de fragile chevreuil
Et son long regard bleu. L’horloge bat tout doux
Le temps lourd de l’oubli, le temps des souvenirs.
L’horloge bat tout doux le temps devenu flou
Où le présent est mort sans aucun avenir…
Mais qu’est donc une horloge en ce monde si dur ?
Il lui faut maintenant quitter sa Barbara…
Pour rebrousser chemin, il traverse le mur
Sans avoir pu d’un mot dire qu’il était là.
*Banc provençal paillé