Accroché au flanc du côteau
Gît un village cabossé*
Qu’on a jadis abandonné
Pour mieux se rapprocher de l’eau
Bondissante et bleue du Jabron.
Près de cent ans qu’il dort ainsi,
Loin des Humains et de la vie,
Desséché et lové en rond
Comme un énorme chat de pierre.
La Grande Guerre l’a vidé
Des jeunes gens. Elle a brisé
Son rythme de vie séculaire,
Et les femmes ont renoncé
A charroyer seaux et tonneaux
Jusqu’à leur maison tout là-haut,
Maintenant vide, délaissée …
Pas des touristes, peu s’en faut !
Mais n’y vivent que les fantômes
Des enfants, des femmes, des hommes
En quête vaine d’un peu d’eau.
*Poème offert au village de Noyers