Poème illustré par :
Jean-Paul Courchia
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Cette nuit un trois-mâts est entré dans le Port,
Tout aussi palpitant sous ses immenses voiles
Qu’un cygne sur la mer. Et des ocelles d’or
Scintillaient sur ses mâts accrochés aux étoiles.
Un trois-mât d’autrefois, comme aux temps bourlingueurs
Où les bateaux partaient pour des terres lointaines,
Où les marins tournés vers l’heur ou le malheur
Entonnaient sur le pont de bien tristes rengaines.
Il est resté trois jours, toutes voiles ferlées,
Redonnant au Vieux-Port son panache d’antan ;
Puis s’en est reparti les ailes déployées
Pour s’en aller se perdre au loin vers le Couchant.
Et l’on est resté là, les yeux tout embrumés
A chercher à l’Ouest le grand oiseau des mers.
Avant de l’engloutir l’horizon enflammé
L’a comme auréolé d’un halo de lumière.