L’aube blanche a posé sur l’horizon éteint
La chétive lueur d’une lampe indécise
Et des ombres floutées peu à peu se précisent
Sur le ciel délavé couleur de vieil étain ;
Car le soleil levant est vraiment très très pâle ;
L’automne nostalgique anémie ses rayons
D’étoile amenuisée, de soleil-lumignon
Au tonus affaibli, et sa lumière opale
Luit misérablement dans le ciel défraîchi.
Un pauvre vieux soleil tout en déliquescence.
Où sont donc sa vigueur et sa toute-puissance ?
Ouaté par le brouillard, son disque réfléchi
Par la mer engourdie est semblable à la lune :
Une boule laiteuse, un gros cercle un peu gris
A la lumière molle ; un astre rabougri
Voilé par les vapeurs d’une brume importune.
Son image est bercée lentement par la mer
Ondulant en longs flots réguliers et tranquilles.
Marseille se ranime en douceur, et la ville
Sous son soleil pâlot a un réveil amer…
On n’a pas l’habitude et l’aurore est bien terne !
Où est donc la lumière aimée des Marseillais ?
Un vent venu d’ailleurs, nébuleux et mouillé,
Affaiblit le soleil en le mettant en berne…