La montagne est pointue. Posé sur son sommet,
Le soleil vocifère, et des torrents de feu
Dévalent en grondant les pentes du Cimet.
Mais le ciel de l’été est sereinement bleu,
Calme et imperméable aux frasques de l’étoile
Gigantesque et furieuse incluse dans son sein ;
Car à midi passé elle mettra les voiles
Pour tenter d’embraser d’autres pitons lointains.
Pour l’instant la montagne est gorgée de lumière.
Elle est blanche, elle est bleue, et un feston ocré
Ourle son haut sommet dont la pointe de verre
Dessine sur l’azur un triangle doré.
Cependant le soleil se déchaîne et tempête,
Bombardant le roc noir d’étincelants rayons.
La lumière mugit, la lumière est en fête,
Qui danse et qui explose en milliards de protons…
Mais le Cimet blasé demeure indifférent
Au mitraillage fou de l’astre déchaîné
Qui doit l’abandonner ! Car poussé par le Temps
L’emportant en roulant, il va être entraîné
Vers l’horizon courbé, encor clair et si nu ;
Vers l’Ouest tout là-bas, un Midi inconnu…