Jean est au premier rang, à une réunion
Primordiale, dit-on. Un meeting important
Devant faciliter la prochaine élection
Du maire du village. Il s’est assis devant
Pour mieux enregistrer discours, belles promesses
Et paroles sacrées du futur candidat ;
Et bien que le banc dur lui fasse mal aux fesses,
Il est prêt à le croire, à le trouver sympa,
A boire son sermon… La séance commence.
Mais au bout d’un quart d’heure un curieux sentiment
Lui donne l’impression que l’homme d’importance
En train de pérorer ronronne doucement
Et que son beau discours est devenu… berceuse.
Jean ne peut plus bouger, et il sent que ses yeux
Se ferment malgré lui. Une atonie vicieuse
Envahit son cerveau et l’endort peu à peu…
Il essaie de lutter mais il pique du nez,
Plongeant dans une douce et coupable torpeur :
Serait-ce donc l’ennui qui l’a hypnotisé ?
Toujours est-il qu’il tombe – et c’est vraiment l’horreur !
Sur les pieds bien cirés de l’éminent notable
En train de discourir. Oh boudiou, quel scandale :
S’être ainsi endormi à l’instant formidable
Où s’exprimait si bien une huile Provençale !
Jean s’est donc relevé, honteux et dépité,
Et ce juste au moment où son foutu portable
Qui n’était pas fermé se mettait à sonner !
Alors il s’est enfui, hué comme un minable…