Sur la route de Gap dont il était l’évêque,
Alors qu’il revenait d’un long voyage à Rome,
Saint Erige badait, grignotant du pain sec ;
Car une grande faim poignait lors le brave homme
Qui avait prodigué tout au long du chemin
Ses provisions aux gueux. Il était fatigué,
Sa jument se traînait sur le bord d’un ravin
Très fortement pentu : ils en avaient assez !
Il y avait alors dans ces rudes montagnes
Une bande affamée de bandits sans pitié.
En voyant le bon Saint sur sa fière compagne,
Ils s’élancèrent tous pour le dévaliser
En bloquant la jument. Sans écouter son maître,
La bête renacla… et soudain s’élança
Au dessus du ravin, planant sur cinq cents mètres…
Elle atteignit Auron* et enfin s’y posa !
L’évêque était sauvé, les truands déconfits !
La jument du miracle eut droit à tant de blé
Qu’elle crut en crever ! Et Erige ravi
Fit construire une église pour mieux remercier…
*Poème offert au village d’Auron