Au fin-fond de la mer il existe un royaume
Uniquement connu des gens qui, comme moi,
Aiment encor rêver. Terre inconnue des Hommes
Rayonnant sous les flots, loin du monde aux abois
Et de ses illusions. Sous le dôme en cristal
De la mer qui l’enclot, c’est une ville claire
Et bâtie par des Dieux, loin d’un siècle brutal
Qui engendre partout guerre, ruine et misère.
Y valsent des poissons aux couleurs aussi vives
Que les fleurs des jardins là-haut chez les Humains,
Tournoyant tout autour d’une foule craintive
Qui s’y laisse entraîner au bout d’un long chemin
De pérégrinations et d’errance sans fin.
Tous vont pouvoir dormir, allongés sur un sable
Aussi doux que la soie. En terminer, enfin !
La Méditerranée, soudain calme et aimable,
Va même les bercer avec sollicitude
Au long des rues pavées de porphyre et d’argent,
Pour leur faire oublier l’immense solitude
Des gens qu’on considère à tort comme indigents
Et qui errent sans cesse en quête d’un abri.
Ils vont s’y reposer, oublier l’infortune :
Au royaume enchanté nul n’est jamais proscrit
Et l’on y désapprend haine, peur et rancune.