Le poussin

Jaune sur l’herbe verte, une boule emplumée,
Un poussin tiède et doux éclos depuis trois jours
Pépie à qui mieux mieux. Il n’est guère plus lourd
Que vingt grammes de vie ; vingt grammes de duvet

Où bat un petit coeur tout chaud comme un soleil.
La joliesse incarnée, une poignée de plumes
Soyeuses et gonflées où la lumière allume
Comme une écume d’or sur deux pattes vermeilles.

C’est joli comme tout, et chacun s’extasie
Sur la fragilité de ce tout petit rien ;
On ne peut qu’être ému par ce mignon poussin,
Cette bribe de coq qui volète et pépie…

Mais osez maintenant me dire que je mens :
L’adorable bébé, mousseux et si léger,
Sera dans quelque temps un très vilain poulet,
Dont le sort vous sera vraiment indifférent,

Que vous dégusterez, accompagné de frites,
Croustillant et bien cuit pendant une heure au four…
Car il en est ainsi de toutes les amours :
Ne savez-vous donc pas quelle en est la limite ?

 

A propos Vette de Fonclare

Professeur de lettres retraitée, a créé un site de poèmes dits "classiques", pratiquement tous voués à la Provence.
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