La maison d’Amélie dort sous son toit bossu.
La lune l’a vêtue d’une cape d’argent
Lui donnant tout à coup un bel aspect cossu
Qu’elle n’a jamais eu. Ce sont de pauvres gens
Qui habitent ici. Mais la nuit argentine
Est aussi une fée qui peut tout transformer
De son aura magique. Et la lune mutine
Va faire d’un taudis un superbe palais !
La lumière ruisselle, et les vieux murs cagneux
Se sont soudain couverts de mille pierreries ;
Les tuiles encrassées brillent de mille feux,
Peintes en un clin d’oeil de lapis lazulis.
Sur la garrigue bleue, la maison d’Amélie
Est comme un phare argent que caresse la lune ;
Et tout auréolée par la céleste pluie,
Elle va sûrement danser dans la nuit brune.
La petite maison au toit tout cabossé
Va cesser de payer au sort son lourd tribut ;
Et dans la nuit complice, elle va s’éclipser,
Emportant Amélie et toute sa tribu
Au pays bleu des fées où l’on n’est jamais vieux…
La maison d’Amélie, son petit mas bancal,
Transformé par la lune en un vaisseau radieux,
Dérive dans le ciel vers un monde idéal.