Poème illustré par une peinture de :
Vincent Honnoré
honnore-peintre.com
Partout des escaliers ! L’on monte et l’on descend.
Les gens du Panier* vont, les gens du Panier viennent
Dans des rues tout en pente où l’ombre est d’obsidienne,
D’un pas vif et alerte – un pas qui va dansant !
Le quartier est abrupt, penché vers le Vieux Port,
Abondamment pourvu d’indénombrables marches.
Attention à la glisse ! Ajustez votre marche,
Faites bien attention à ce coquin de sort
Qui pourrait vous pousser du haut jusques en bas !
Les venelles en biais redescendent, remontent.
Prenez l’air détaché pour effacer la honte
D’être désorienté : dans presque tous les cas,
Vous vous égarerez ! Repartez à l’envers
Par les ruelles bleues où sont posées des jarres
Toutes empanachées. Quand vous en aurez marre
D’errer de-ci de-là, fiez-vous à l’homme en vert
Qui arrose en sifflant ses fleurs sur le trottoir
Et qui vous montrera le bon itinéraire ;
Il a l’air tout heureux, il est à son affaire
Car il peut cultiver selon son bon vouloir
Trois pots devant chez lui ! La Mairie le permet…
Les rues sont désormais des calades fleuries,
Parées comme il le faut de mille poteries
Qui ont accru leur charme… Il a suffi d’un rien
Pour faire du quartier un endroit enchanteur
Tout parfumé d’été, où des pots en goguette
Ont donné à l’asphalte un petit air de fête :
Tout le monde a le droit d’y planter quelques fleurs…
L’on monte et l’on descend en été au Panier ;
Les rues sont tachées d’or, et malgré leur part d’ombre,
Rafraîchies à souhait et divinement sombres…
Un quartier tout en fleurs et tout en escaliers.
* Un vieux quartier pittoresque de Marseille