Il y a tout là-haut un nuage dansant
Dans le ciel de l’été ; un nuage passant
Au-dessus du Midi sans trop savoir pourquoi ;
Un nuage importun, vraiment sans foi ni loi !
Car a-t-on jamais vu, en juillet, en Provence,
Se donnant indûment une telle importance,
Un nuage passer, un nimbus en goguette ?
Et le Septième Mois a-t-il perdu la tête
A laisser un nuage ainsi batifoler,
La bride sur le cou, au cœur du grand été ?
Mais où se croit-il donc ? A-t-il perdu le Nord
A se laisser porter en douceur jusqu’aux bords
De notre mer à nous, la Méditerranée ?
C’est un coup du mistral : depuis quelques années
Il néglige la Loi, et, oubliant l’usage,
Montre qu’il est en fait un vent vraiment peu sage !
Le tout petit nuage est vraiment isolé
Au milieu du grand ciel. Mais tout environné
De bleu, de bleu, de bleu jusqu’à l’horizon bleu,
Il se recroqueville et devient grumeleux
Comme du lait caillé… Un tout petit nuage
Qui ne peut résister ! Se croyant un orage,
Il pensait devenir une nue tropicale ;
Mais c’était ignorer l’inertie provençale
Forte et déterminée qui ne veut point changer
Et se méfie toujours des troubles étrangers.
Le petit nimbus blanc a vite disparu,
Absorbé par le bleu qui l’a mangé tout cru…