Poème illustré par un tableau de :
Jean-Baptiste-Camille Corot
(1796-1875)
Le mistral qui sifflote en badant par chez nous
N’est encor qu’une brise et va tout doux, tout doux
Au creux vert des chemins, y courbant l’herbe folle.
Il est rare pourtant que cette allure molle
Soit celle du vent fou qui peste et nous chahute
Quand il fait froid au Nord ! Qui s’en vient, hurle et lutte
Contre toute obstruction ! Bourrasquant à tout va,
Il fulmine et il tonne en un vaste combat !
Mais ce mistral de juin n’est pas vraiment normal :
Il est trop cajoleur ! Son froufrou musical
Est un souffle d’ailleurs, une brise trop douce
Agitée de tempos aux trop tendres secousses !
Où est notre gros vent, notre brute absolue
Dépouillant la garrigue et les collines nues
A force de fureur ? Cet ami du soleil
Dont les cris déchaînés fouaillent les oreilles ?
Celui-ci est trop doux : mistral de pacotille
Dont la douceur du temps insolemment étrille
La grand’force indomptée ! Même le vent se meurt,
Dont le climat qui change étouffe la vigueur…