Et si un bon Génie, en survolant la ville,
Y semait de là-haut semences et greffons ?
Marseille en s’éveillant de son sommeil bougon
Resterait sidérée, pour un temps immobile…
Car du moindre recoin, dans la moindre courette,
Pousseraient tout en vrac des millions de fleurs,
Des feuilles, des rameaux enjolivant en choeur
Le béton et l’acier. Toute une ville en fête !
Les plantes enfiévrées, croissant à la folie,
Couvriraient chaque rue et toutes les maisons,
Fleurissant chaque coin contre toute raison,
Sonnant du Nord au Sud un immense hallali
Contre le gris ambiant, la montée en puissance
D’un excès de béton. Des bennes à ordures,
Des fissures des murs jaillirait la verdure
Envahissant tout de sa surabondance.
Marseille, vue du haut comme une oasis verte,
Serait telle un jardin courant à l’infini
Jusqu’au fond des quartiers. Un paradis béni
Par tous les Marseillais badant, la bouche ouverte.
Sur la mer vogueraient des milliers de voiles,
Pétales boursouflés de toutes les couleurs ;
Et l’eau bleue charrierait des millions de fleurs,
Comme un ciel transparent qui clignote d’étoiles.