Il était une fois dans le ciel de Provence
Un nuage léger comme un matin d’été ;
Né à l’aube du jour, un jour clair sans l’outrance
Du soleil déchaîné contre un monde éreinté
Par trop de canicule(s). Un nuage rosé
Aux contours arrondis, joufflu comme une pomme,
Qui avait attiré le regard amusé
De Pierre Diabolot, un tout petit bout d’homme.
Le marmot décida de s’en faire un ami
Et de le capturer à l’aide d’une échelle.
Il y en avait une au fond de l’appentis,
Qu’il s’en fut donc chercher avec sa sœur Michelle
En lui recommandant de taire leur secret.
Le nuage ravi de contempler le monde
Ne se doutait de rien. Autrement il aurait
Fui tout au bout du ciel, loin de la sphère ronde
Où même les enfants ont des projets stupides
Qui les poussent au mal… Perché sur l’escabeau,
Le garçon projeta sa cordelette avide
Vers l’objet de ses vœux qui lui semblait si beau.
Sentant qu’on la tirait, la jolie nuée rose
Se dilata d’un coup, se mettant à pleurer.
Mais pleurer n’est vraiment pas une bonne chose
Pour un petit nimbus dont il est avéré
Qu’il est composé d’eau comme le sont les larmes…
Il sanglotait si fort que les deux chenapans
S’enfuirent tout trempés en laissant là leurs armes.
Lors enfin délivré des petits sacripants,
Le nuage fondu rejoignit tous ses frères
Qui couraient en ruisseaux s’unir à la rivière…