Poème illustré par un tableau de :
Auguste Renoir
(1841-1919)
Devant l’âtre qui chuinte, un fauteuil avachi
Où elle s’est blottie jusqu’au ras des oreilles.
Elle n’en bouge plus. Et elle s’émerveille
D’avoir reçu ce mail… Maintenant elle gît
Au creux des gros coussins sans en pouvoir bouger.
Elle est bien, elle a chaud. Et tièdes sont les flammes
Qui caressent sa peau tout autant que son âme…
Son coeur qui fait des bonds est si tourneboulé
Qu’elle ne sait plus bien s’il ne va pas casser.
Le fauteuil est si doux à son dos qu’il l’enserre
Comme deux bras bien chauds… Un frisson éphémère
Parcourt son corps troublé – outré et insensé !
Le feu gonfle et rugit. Le tissu est brûlant.
Vite ! Pousser le meuble avant qu’il ne s’enflamme…
Elle est bien, elle a chaud jusqu’au creux de son âme ;
Un bien-être inouï roule comme un torrent
Dans son coeur ébranlé submergé d’émotion…
Le feu a ralenti. Et le fauteuil antique
L’enserre fermement de ses bras élastiques.
Le livre qu’elle lit s’intitule : « Passion ».