poème illustré par un tableau de :
Vera Pagava
(1907-1988)
Je suis doux et bouclé comme un tendre mouton
Et j’aime m’enrouler autour du corps bien rond
De ma jolie Emma. Quand elle sent le sel,
Juste après la baignade ! Elle essuie ses aisselles,
Ses jambes et ses bras… d’autres choses encore !
J’ai, comme dirait l’autre, une fonction en or !
Et puis elle m’étend sur le sable doré
Et se couche sur moi. Mon Dieu ! si vous saviez…
Voici bien des années que je vis ce servage
Et je vieillis pas mal, malgré tous les lavages.
J’étais bleu outremer, mais ma teinte qui passe
Est un brin délavée. Si ma couleur la lasse,
J’ai peur qu’elle me jette. Et le qu’en dira-ton
Dit que je pourrais bien me muer… en chiffon !
L’usure me détruit, j’ai du mal à survivre,
Mais vous m’imaginez, faisant briller les cuivres ?
Enfin, ça va encor : Emma n’est pas bêcheuse.
Elle aime ma douceur, la texture moelleuse
De mon coton épais. L’on va continuer
A aller à la mer pour s’y faire bronzer…