Entre deux pavés gris une fleur a poussé.
Se contentant de rien, c’est un coquelicot
Poussant allégrement son clair cocorico
Vers le ciel printanier. Il est tout hérissé
De vie et de vigueur, costaud comme ses frères
Ayant eu le bonheur de naître dans un champ !
Il est si obstiné qu’il en devient touchant,
Et son désir de vivre en ce milieu austère
Force l’admiration. De quoi se nourrit-il ?
De quelque atome d’eau perlant entre les pierres ?
D’un rayon de soleil, de bribes de poussière
Polluant le trottoir, envolées d’un terril ?
C’est un joli gaillard dont les pétales rouges
S’agitent dans le vent. Oh, pourvu qu’une auto
N’écrase point trop tôt le gringalet costaud
Dont le pourpoint corail et tout frissonnant bouge
Au rythme du mistral. Il palpite et il bat,
Aussi ardent qu’un feu, ardent comme la vie,
Acharné à combattre, étayé par l’envie
De fleurir tant et plus en menant son combat.