Antonin Lartefigue, facteur à Cavaillon,
Etait joli garçon. Mais à toujours courir
L’éternel guilledou, et jupes, et jupons,
Il perdait tout son temps à trop vouloir séduire.
Un beau jour s’installa pas bien loin de chez lui
Une femme inconnue prénommée Isabelle
Dont le charme étonnant et piquant l’éblouit.
Il ne songea donc plus qu’à conquérir la belle,
Se lançant aussitôt dans l’éternel manège :
Oeillades enflammées, compliments bien tournés…
Mais la belle Isabelle, aussi froide que neige,
Le pria de ne plus venir l’importuner :
Ne pouvant révéler qu’elle était une fée,
Elle devait virer ce maudit don Juan
Du cercle de sa vie, car elle le trouvait
Pour son propre intérêt bien trop entreprenant !
Mais il était tenace ; et un beau soir d’été,
Passant par le jardin, il se jeta sur elle
Pour lui voler, dit-il, simplement un baiser.
Il ne soupçonnait pas le pouvoir d’Isabelle :
A peine l’avait-il ardemment embrassée
Qu’il ressentait bientôt une incroyable embrouille
En se mettant à fondre et se ratatiner…
Et le beau pistachié* fut changé en grenouille !
*En Provençal, coureur de filles libidineux