Si je devais partir, que pourrais-je emporter
De ma chère Provence ? Un morceau du soleil,
Tout bien empaqueté dans ses rayons vermeils ?
Et puis une cigale habile à criquetter
Et encore et encore, enchantant mon bagage ;
Peut-être bien mon mas… le vieux banc du jardin…
La fontaine moussue, le pied de romarin ?
Deux ou trois vieux chenus, les piliers du village,
Assis matin et soir sur la Place, à bader ?
Et pourquoi pas Lambesc avec son Jacquemart ?
Ce cyprès dans un champ, pas bien loin de La Fare ?
Plus, en tassant le tout, le très vieil olivier
Qui ombrage ma cour ? Et tous ces souvenirs
Si bien ancrés ici ? Puis je songe aux amis
Qui depuis si longtemps m’ont si bien accueillie,
Et me dis que jamais je ne pourrai partir
Sans tout en emporter ! Je reste donc ici,
Au coeur de la Provence, en mon cher vieux pays…