Poème illustré par un tableau de :
Sisley
(1839-1899)
L’automne aux longues nuits est une saison morne
Où l’on a l’impression que tout est finitude.
Peu à peu monte en vous cette grand’lassitude
Qui obscurcit l’entour, et où la vie se borne
A passer lentement de jours gris en jours gris.
Le ciel est sans couleurs comme le cours du temps,
Et l’on n’ose espérer qu’un beau jour le printemps
Pourra bouter dehors la froidure et la pluie
Car on n’est qu’au début d’une longue séquence
De brume et de grisaille où les formes sont floues.
Le soleil s’est éteint là-bas sur le Ventoux
Et la lumière usée perd toute transparence.
Il est loin le printemps ; elle est bien trop lointaine
La douce mélodie de l’avril en Provence.
L’automne aux longues nuits par sa seule présence
Vous chamboule le coeur et vous met l’âme en peine.