L’automne va mourir, laissant la place au froid,
Au mistral, à la brume et peut être à la neige.
Les feuilles sont tombées, et la campagne est beige
Sous un ciel souffreteux griffé d’arbres en croix.
La nuit a dévoré le jour presque en entier ;
La lumière ternie n’éclaire plus grand’chose,
Même si quelquefois de vagues reflets roses
Emergent au matin de l’horizon brouillé.
Or on n’a même pas cette année le plaisir
D’envisager Noël, dont l’arrivée prochaine
Devrait nous rendre heureux. Le Monde est à la peine,
Et le danger qui rode étouffe tout désir
De se pelotonner en des bras caressants.
L’automne va mourir. Peut-être que la Terre
Suit le même chemin ? Qu’un étrange mystère
Fait de cette saison un passage angoissant
Où un terrible alien voudrait nous décimer ?
L’automne va mourir. Peut-être que les Hommes
Vivent ce que vécut l’indestructible Rome
Qui n’avait point non plus compris le mot : « Aimer » ?