La mer un peu fripée par un vent léthargique
Qui chuinte lamento dodeline en douceur ;
Son mouvement rythmé est aussi hypnotique
Que le tempo très lent du battement d’un coeur
Qui palpite en cadence ; on peut même l’entendre
Souffler et respirer comme un être vivant ;
Et ses flots syncopés d’une couleur de cendre
Battent sous un ciel bas aussi gris que le temps.
Pas bien loin du Pharo un petit bateau rouge
Saute de vague en vague, allègre et malicieux
Comme un dauphin farceur. Et sa voile qui bouge
Sans cesse dans la brise est rapiécée de bleu,
Et de jaune, et de vert, et de toutes ces teintes
Qu’on appelle arc-en-ciel. Est-il donc Ecossais,
Ce tout petit voilier ? Mais sur les eaux éteintes,
Il est comme un clin d’oeil, un flash tellement gai
Que la mer morne et terne en est revigorée.
Tout en est transformé et reprend des couleurs ;
Et le bateau nimbé par une aura dorée
En est sous le ciel gris le bel ensorceleur.