Le temps tape tout doux ses terribles secondes,
Inéluctablement, sans aucune pitié.
La grande horloge est lasse : il faut la remonter…
Mais le temps n’use point ses belles courbes rondes ;
Pourtant il le devrait, tant elle est l’instrument
Qui l’aide à tourmenter de pauvres créatures
Vouées à la vieillesse, à l’affreuse torture
De se voir dégrader inexorablement.
Son bois luit doucement dans la lumière sombre
D’un triste après-midi : un très joli noyer
A la patine blonde, où l’on voit ondoyer
Un reflet lumineux qui joue dans la pénombre.
Elle était à Grand’mère… Où sont-ils donc partis,
Tous ces gens qui ont vu son balancier battre
Comme un grand coeur géant ? Et qui pourrait combattre
Ce spectre immatériel qui sans cesse s’enfuit ?
L’horloge ticque et tacque et grignote les heures ;
C’est le temps qui la meut depuis plus de cent ans.
Elle sonne un peu faux, et d’instant en instant,
Son bourdon fait vibrer notre vieille demeure.